Le deuxième jour: 114 km
Gréoux et Dignes partagent le même suffixe: 'les bains' et pourtant...
Le camping flirte avec le Verdon. Pas ce torrent enchassé dans ses murailles de calcaire mondialement renommées mais plutôt un Verdon sénateur étalant négligemment sa panse.
Au petit matin, les canards s'éclatent mais déjà il faut grimper dans Gréoux...pauvres curistes. Cap à l'ouest vers la Durance: un col imprévu écorne l'enthousiasme d'Otis. M'enfin, la plongée se pointe. Il suffit alors de virer plein nord jusqu'aux Buissonades. La pénombre s'estompe tranquillement.
Le parcours rectiligne et plan sur la carte, ne cesse de contourner ici une parcelle de maïs là un château aux relens de secte. Moralité: succession de bosses, de virages jusqu'à quelques encâblures de la procession des...pénitents des Mées flashés par l'équipe technique.
A l'est quoi de neuf? Un faux-plat permanent emmène sûrement vélo et cycliste. A un vent de face, s'associent rapidement les premiers rayons du soleil et les bidons connaissent très vite une sévère période d'étiage. Ne pas s'arrêter car la châleur ne devrait que s'amplifier! Les villages semblent abandonnés malgré l'heure de la matinée. Pas de place ombragée comme dans le Var, fontaines muettes...Pas glop! La nationale et un dernier col chic envoient le binôme dans les faubourgs de Dignes. Il est 10h30.
Le staff, surpris par la rapidité de la manoeuvre, ne rejoint la capitale du 04 que vers 12h00. Otis en profite pour observer les jardiniers construire une énorme jarre de lavande, les forains s'affairer sur leurs manèges et une colo répétant un futur spectacle nocturne. "L'orange bleue" nous offre sa terrasse, ses lasagnes et un gentil coktail de desserts. Les derniers 40 km nous séparant du Vernet, il faut tout de même s'y coller.
Sous un cagnard solide, le Cannondale se glisse hors de Dignes et s'élève à travers champ jamais très loin d'un cours d'eau: la Bléone. L'équipe technique survient à point nommé car une nouvelle fois, les réserves d'eau sont épuisées. L'Otis surchauffe sous le casque. Dans 20 km, la piscine du camping. Le staff s'en va préparer le campement. Le col du Labouret se profile alors sournoisement. D'abord quelques courts raidillons au milieu des foins, puis un lacet marqué devant des bucherons insensibles à la châleur. Otis tente de relancer l'équipage: en vain. Premier arrêt à l'ombre d'un mélèze. Le souffle court, cardio en alerte. Redépart pour quelques centaines de mètres et une pause encore: plus une goutte d'eau hélas. On est pas rendu! Allez encore un effort jusqu'au prochain coin sombre. Soudain, comme le drapeau noir dans un défilé, le sommet surgit.
Dans la descente rapide et facile, la voiture du staff attend pour baliser le chemin du camping. Il était grand temps.
L'emplacement déniché cotoie la piscine et surtout est arfraichi par une ombre épaisse. Impression plus que positive et qui se confirme à chaque pas, chaque geste.
Ce "Lou passavous" doit signifier "Le Rabobank" car tout le monde porte la marque de l'autre pays du fromton. Cheveux blonds blé, yeux bleux, plaques minéralogiques en verlan...même le couple de gérants s'exprime avec l'accent de Bogaart.
L'installation commence.
(Gréoux, La Fuste, Les Buissonnades, Saint Julien D'Asse, Bras d'Asse, Mezel, La Bégude blanche, Châteauredon, Estoublon, Dignes, Le Brusquet, La Javie)